Démystifier la méditation
Longtemps réservée au domaine spirituel et aux traditions religieuses, la méditation inspire désormais les psychothérapeutes. Dans l’ouvrage Méditer, c’est se soigner publié aux éditions Les Arènes, le Dr Frédéric Rosenfeld revient sur les effets de la méditation.
Silence, austérité, ascèse, encens, illumination, extase, vision… les images ne manquent pas pour parler de méditation. Frédéric Rosenfeld, lui, méditant de longue date, nous fait découvrir dans ce livre une manière d’être au monde. Il la définit comme une pratique consistant à mettre son mental et ses affects au repos pour approcher le caractère insaisissable de la réalité, hors de toute envie et de tout jugement.
Méditer suppose l’adoption simultanée de deux attitudes : l’observation, la plus neutre et la plus attentive possible, des sensations, des pensées et des émotions (cette aptitude est parfois nommée détachement) ; et l’équanimité, qui désigne la qualité rare d’accueillir les épisodes de l’existence avec une âme tranquille, loin du mépris, de l’indifférence ou de la passivité. « Observation et équanimité s’alimentent mutuellement, résume Frédéric Rosenfeld. Plus je parviens
à observer avec distance une situation qui me trouble, plus je me donne l’opportunité
de gagner en sérénité. Vu sous l’angle opposé, plus mon esprit est tranquille, plus ma conscience est capable d’embrasser largement la réalité limpide, sans qu’elle soit brouillée par les distorsions du mental. »
Des effets sur la santé
La méditation permet de mieux décrypter ses émotions et constitue le premier pas de nombreuses prises de conscience. Elle est un antidote à l’anxiété et rend heureux. Cette capacité a étéétudiée chez des moines bouddhistes de Dharamsala (Ville du nord de l’Inde où sont réfugiés le Dalaï-lama et de nombreux Tibétains) : leurs zones du cortex cervical impliquées dans la bonne humeur fonctionnaient constamment. Elle a également été observée chez « des travailleurs américains, ayant suivi un entraînement méditatif bref (huit semaines seulement) et laïque », note Frédéric Rosenfeld. Méditer améliore également le sommeil, en agissant de façon directe sur sa physiologie et en relaxant. Enfin, la méditation a une action sur la dépression et « ses ruminations auto-dépréciatives. C’est un bon moyen d’améliorer la confiance en soi et le sentiment d’avoir les rênes de son existence » écrit encore l’auteur de Méditer c’est se soigner.
Sur le plan physique, d’autres bénéfices ont été enregistrés : amélioration de la respiration, réduction des troubles cardiovasculaires, renforcement des défenses immunitaires et soulagement de la douleur. Tant d’effets positifs devraient inciter à apprendre cette médecine du corps et de l’esprit. Car cela s’apprend et s’expérimente. Diverses pratiques existent, certaines statiques, d’autres en mouvements comme le yoga, le taï chi…
Plus que sur une posture, Frédéric Rosenfeld préfère s’attarder sur le « geste mental » qui accompagne la méditation, sorte d’« attitude intérieure, de rapport établi entre soi et soi, entre soi et le monde. Méditer est l’alchimie d’une rencontre toujours imprévisible entre une approche intérieure, un instant présent et une personne : vous. Voilà pourquoi votre expérience sera certainement différente de celle de votre voisin ».
Pour conclure, un vœu : que ces lignes vous invitent à vivre une autre expérience de la réalité et à toucher les choses transcendantes du monde. Bon voyage !
Cécile Baudet 02/11/2007 Alternative Santé
http://www.medecines-douces.com/impatient/348oct07/meditation.htm En quelques lignes Dr Frédéric Rosenfeld
Ce psychiatre, diplômé en neurosciences et en thérapies cognitives, est également adepte de la méditation. Il pratique régulièrement la méditation vipassana, une technique indo-birmane, le zen et le taï chi.
... et Auto-hypnose
Au cours de la méditation l'activité psychique est tout entière tournée vers l'intérieur, vers un objet de réflexion bien circonscrit, favorisant simultanément une détente mentale et physique. Certaines techniques de méditation pourraient reposer sur un mécanisme analogue à l'auto-hypnose.
La réduction du tonus musculaire qui, par la mise au repos de circuits neuronaux spécifiques, induit une plus grande disponibilité mentale qui favorise l'introspection et l'élargissement du champ de la conscience.
Les méditants peuvent connaître de profonds états modifiés de conscience caractérisés par la perte du sentiment d'identité et par la disparition de toute perception venue du monde extérieur.
La contemplation du mystique et la récitation de prières, de sourates ou de mantras vise une sublimation de la conscience allant jusqu'à la fusion -- dans les deux acceptions : dissolution et unification -- de l'identité individuelle dans une espèce de conscience supérieure et d'un univers de perfection et d'harmonie.
Les adeptes rompus à la méditation peuvent connaître de profonds états modifiés de conscience caractérisés par la perte du sentiment d'identité et par la disparition de toute perception venue du monde extérieur. Il s'ensuit parfois, pour les pratiquants les plus accomplis, une sublimation de la conscience allant jusqu'à la fusion de l'identité individuelle dans une espèce de conscience supérieure, fortement conditionnée par la personnalité du sujet et par les facteurs culturels. C'est pourquoi le monde transphénoménal d'un soufi n'est pas peuplé de bouddhas et que celui de Sainte-Thérèse d'Avila ne faisait aucune référence aux manitous des Amérindiens. En dépit de ces nuances, derrière le symbolisme des diverses représentations se profile à terme une même et unique réalité : celle d'un univers de perfection et d'harmonie, d'un réalisme époustouflant. Cet univers " parallèle ", s'il défie la raison, semble pourtant accessible à la conscience de tout être humain. Des individus ordinaires peuvent aussi accèder à cet univers " parallèle" dans les circonstances fortuites.
Yogis et NDE
Les yogis accomplis, de même que les mystiques les plus avancés qui expérimentent des états modifiés de conscience comparables aux degrés les plus élevés d'une NDE. Au point que les analogies entre celle-ci et les expériences spirituelles (lumière, personnages célestes, paix, amour, etc.) laissent à penser que ces techniques de méditation utilisent des modalités psycho-physiques similaires à celle du contexte d'une NDE.
Auto-hypnose
L'autohypnose est une hypnose provoquée sur soi-même par autosuggestion et au cours de laquelle l'hypnotiseur et l'hypnotisé ne font qu'un. Cette technique permet de se faire soi-même des suggestions positives pour se rééquilibrer, se mettre en phase de relaxation, obtenir un état plus poussé aboutissant au sommeil ou combattre des problèmes personnels comme le stress, la douleur... Cette technique est très ancienne puisqu'on Grèce, dès le X' siècle, les moines du mont Athos ont appris à se mettre en autohypnose en fixant longuement leur propre nombril.
La plupart de ceux qui s'adonnent à la méditation n'atteignent que les paliers inférieurs de cette transcendance. Les premiers stades de cette progression présentent des traits comparables à ceux de l'état hypnagogique (endormissement) ou de la transe hypnotique légère. Ils évoquent les prémices d'un détachement de la conscience et d'une perception modifiée de la réalité conventionnelle : sentiment d'être léger, de flotter, exacerbation de l'imagerie mentale, accroissement de l'efficience intellectuelle, effacement des repères spatio-temporels..