Une longue mise en routeMarthe Robin n'est toujours pas canonisée. Car Rome prend son temps : recueil de témoignages, examen détaillé de ses écrits et paroles... Le chemin qui mène à la sainteté obéit à une procédure précise, proche de l'enquête policière et souvent très longue.
Le procès en béatification de Marthe Robin a commencé dès 1986, à la demande Mgr Didier-Léon Marchand, évêque de Valence. Un postulateur a été choisi : le père Jacques Ravanel, responsable d'un des Foyers de Charité fondés par Marthe elle-même. Le rôle de cet homme, comme dans tous les procès canoniques, est de rédiger une biographie critique de la croyante et de son oeuvre.
Ce travail peut se révéler long et compliqué, surtout lorsque la personne a vécu longtemps et a beaucoup écrit. Il suffit de penser à Jean-Paul II, qui a rédigé 635 textes avant son élection et six volumes pendant son pontificat.
L'étape diocésaineLa première étape de la canonisation est dite « diocésaine » car elle a lieu à l'endroit où a vécu le futur saint.
Un appel à témoins est alors lancé dans le monde entier : toutes les personnes qui ont rencontré la personne ou qui jugent qu'elle a eu une influence dans leur vie peuvent y répondre.
Pour Marthe Robin, la commission d'enquête a reçu plus de 1200 lettres depuis 1991, qui témoignent de grâces reçues par l'intercession de Marthe avant ou après sa mort.
Dans le même temps, il a fallu désigner des experts pour examiner tous les éléments de manière objective : des théologiens, des historiens, des médecins, des démonologues... Cette étape a duré une dizaine d'années.
A partir de 1996, le dossier, ou « Positio » est envoyé à Rome. Celui de Marthe compte 17 000 pages ! La Congrégation des Causes des Saints - fondée en 1588 sous le nom de « Congrégation des Rites » - a alors nommé un nouveau postulateur, le père Bernard Peyrous, prêtre de l'Emmanuel oeuvrant à la maison d'accueil des pèlerins de Chézelles, en Indre-et-Loire.
L'étape romaineLe dossier est toujours à l'étude. Il est examiné par deux commissions, l'une de théologiens ; l'autre de cardinaux.
Elles procéderont à un vote, par lequel l'héroïcité des vertus de Marthe sera reconnue ou non. Cette étape est décisive.
Selon Marie-Thérèse Gille, vice-postulatrice de la cause pour la béatification, il s'agit de « reconnaître que Marthe a vécu les vertus cardinales, ordinales et ordinaires aussi profondément qu'il lui était possible ».
Personne ne sait combien de temps cela peut durer : « Le dossier est très long. Et Marthe n'est pas la seule personne en attente à la Congrégation des Causes des Saints », souligne Marie-Thérèse Gille.
La vie de prière et de foi de Marthe parle en faveur de sa sainteté. Ainsi que son intuition, avant Vatican II, de l'importance du rôle des laïcs dans l'Eglise. Elle a contribué à leur formation en créant les Foyers de Charité : sa béatification signifierait une reconnaissance encore plus forte de ces institutions par Rome.
Marthe deviendrait également un symbole d'espoir pour tous les malades : grabataire, elle a trouvé sa mission dans le monde.
Le seul point problématique la concernant, ce sont les « agressions du démon » qu'elle aurait subies : « La Congrégation fait appel à un démonologue qui examine de quelle façon s'est manifesté l'Adversaire auprès de Marthe », explique Marie-Thérèse Gille.
Marthe Robin ne sera considérée définitivement bienheureuse que s'il est reconnu qu'un miracle a eu lieu par son intercession après sa mort.
Si le Vatican reconnaît un deuxième miracle, la fondatrice des Foyers de Charité sera alors - et enfin - proclamée sainte par le pape.
http://anicet.lecorre.free.fr/nasca/robin.htmTombe de Marthe Robin